La presse écrite thaïlandaise sur le déclin

 

Quelques journaux thaïlandais.

Le 1er janvier 2017, le quotidien le plus vendu du royaume, Baan Muang a disparu après 45 ans d’existence. En cause, l’émergence de nouveaux médias en ligne et des conditions économiques qui mettent en péril la presse papier.

« Nous avons décidé d’arrêter la publication de Baan Muang à partir du 1er janvier 2017, et par la force des choses l’emploi de tous les salariés […] C’est une décision très difficile » a annoncé le rédacteur en chef, Chalor Chansooksri, dans un communiqué.

Des lecteurs habitués à une information gratuite

Nielsen a relevé une baisse des recettes publicitaires dans l’industrie des journaux thaïlandais, diminuant de 15,4 milliards de baths (415 millions d’euros) en 2006 à 12,3 milliards (331 millions d’euros) en 2015. De plus, Mana Treelayapewat, doyen du département de la communication à l’Université de la chambre de commerce, explique que la baisse des ventes des plus grands journaux a entrainé ses pairs dans leur chute. Il affirme que les lecteurs ne sont pas disposés à payer pour recevoir l’information puisqu’ils peuvent la trouver gratuitement sur le web et les réseaux sociaux.

Suite à des pertes colossales, les entreprises de presse mettent en place des mesures drastiques : diminution des effectifs, réduction des primes annuelles, rétrécissement du nombre de pages, gel des salaires et de l’embauche. Le groupe Post Publishing, par exemple, envisage d’appliquer le paywall à son site internet. Les lecteurs devront payer pour accéder à l’intégralité de son contenu. Le groupe Matichon délivre une retraite anticipée à certains de ses cadres supérieurs. Thai Rath, le plus grand tirage du pays, réduit ses dépenses en mettant en commun les véhicules de fonction.

« [S’ils] ne s’adaptent pas, ils ne survivront pas »

Pour Sirinart Sirisuntorn, ancienne rédactrice de Bangkok Biz News, les journaux doivent se proposer un contenu en ligne différent de ce que l’on trouve gratuitement sur internet. Elle assure que « si les journaux papier ne s’adaptent pas, ils ne survivront pas […] Les gens vont seulement lire en ligne, ce qui est plus accessible ». La rédactrice affirme que la polyvalence des journalistes peut également s’avérer dangereuse. Travailler sur plusieurs supports peut altérer la qualité des informations. Selon elle, chacun dans la profession doit être vigilant pour ne pas se transformer en « ouvrier d’une usine d’informations ».

L’association de la publicité numérique thaïlandaise s’interroge aussi quant au sérieux des informations délivrées par les médias. « Les tabloïds étant les journaux les plus populaires en Thaïlande, que se passera-t-il pour le journalisme de fond, qui nécessite plus de moyens et qui ne garantit pas un maximum de clics et de trafic ? » Les kiosques aussi souffrent de cette baisse des ventes. Plusieurs d’entre eux, situés dans les stations du métro aérien de Bangkok, ont fermé leurs portes ces dernières années.

 

 

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.