Un vidéo à 360° par jour : le nouveau défi du New York Times

Image CC othree.

Annoncée en grande pompe début novembre, la rubrique « Daily 360 » de l’application NYT VR renforce encore un peu plus la place de leader du New York Times sur le marché du journalisme en réalité virtuelle. Aussi prometteur que risqué, ce nouveau cap franchi constitu une bonne expérimentation pour évaluer potentiel de cette technologie adaptée au journalisme.

« Chaque jour, nous portons le monde à nos lecteurs. Avec NYT VR nous portons nos lecteurs au monde» : c’est avec ce slogan efficace qu’avait commencé l’aventure NYT VR en novembre 2015. Grâce à un partenariat avec Google, le New York Times avait battu un record de téléchargements pour le lancement de son application de vidéo à 360° et en réalité virtuelle.

L’application héberge aujourd’hui une quarantaine de vidéos, toutes filmées à 360°, et une bonne partie accessible en réalité virtuelle. Dans ce dernier cas, l’utilisateur doit utiliser un casque spécial, dont certains ne valent que quelques euros (le journal en avait d’ailleurs offert à ses abonnés). Un an après son lancement, l’application fait de nouveau parler d’elle avec le « Daily 360 », une rubrique qui propose une vidéo à 360° traitant chaque jour d’un nouveau sujet d’actualité.

Vivre le démantèlement de la jungle de Calais, assister à un meeting de Trump dans le camp des Républicains, ou courir au milieu des marathoniens new-yorkais, voilà autant d’exemples récents qui ont marqué les esprits. Incontestablement novatrice, la vidéo à 360° suscite de nombreux espoirs pour le journalisme, mais aussi de nombreuses interrogations sur le fond et la forme de l’écriture.

La Samsung Gear 360, utilisée pour réaliser les vidéos de la rubrique « Daily 360 ». Image CC Maurizio Pesce.

Un nouveau travail de tournage

Le travail des journalistes du New York Times a été sensiblement modifié avec l’arrivée de productions à 360° et en réalité virtuelle, explique Ben Solomon, un des reporters pour NYT VR :

« On ne retrouve plus les normes habituelles : les plans doivent être plus longs pour laisser l’utilisateur naviguer dans l’espace (…) La définition du cadre diffère. Il y a aussi une vraie réflexion à mener sur le son et l’espace. Attirer l’utilisateur d’un point X à un point Z pour dynamiser les productions, est l’un des principaux axes de développement aujourd’hui. »

C’est aussi la place du journaliste qui évolue. Le travail de narration doit être entièrement réadapté pour permettre d’amener le spectateur dans une réalité virtuelle mais fidèle, un dispositif dans lequel le journaliste trouve difficilement une place.

Des vidéos très coûteuses

Si le New York Times reste très discret sur ses finances, on estime en moyenne qu’une vidéo de 4 à 5 minutes coûte 15 000 euros, mais certaines productions dans des zones de conflit à risque peuvent coûter jusqu’à 500 000 euros. Des contenus dits de « brand journalism » financent la production, et la rubrique « Daily 360 » est même financée en partie par Samsung.

Le financement représente un défi de taille pour pérenniser cette nouvelle forme de journalisme, qui se base sur des technologies encore très jeunes, même si le New York Times peut compter sur le soutien de Google ou de Facebook. L’autre défi sera de proposer des productions axées davantage sur l’information que sur la seule prouesse technique, bref, pleinement journalistiques.

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.