Demain, tous journalistes ?

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Les contenus « amateurs » sont de plus en plus présents dans les pages des quotidiens, dans les journaux télévisés, ou encore sur les sites d’information. Sont-ils en train de révolutionner le métier de journaliste ?

Impossible d’être partout, tout le temps. Face à cette réalité, de nombreux médias font appel à leur public pour agrémenter leur contenu. C’est notamment le cas de RTL Info. Depuis sa création, il accorde une place particulière aux lecteurs : « à RTL, la proximité avec notre public est primordiale » explique Fabrice Cecchi, rédacteur en chef du site internet rtlinfo.be.

Le « bouton orange » illustre cette vision. Témoin d’un événement, victime d’une escroquerie, ou empreint d’une histoire particulière ? En un simple clic sur ce bouton, chacun peut adresser son message au média, qui s’efforce de répondre personnellement. Ces contributions sont aujourd’hui devenues une des principales sources d’information : la rédaction en reçoit plus d’une cinquantaine par jour.

Quand les lecteurs deviennent acteurs

De la même façon, la chaîne France 24 a mis en place une page dédiée à ses « Observateurs », BFM TV celle de ses « Témoins ». Toutes n’ont qu’un seul but : mettre les lecteurs à contribution dans la production journalistique. Selon les tendances, on parle de journalisme « citoyen » ou « participatif ».

La parfaite illustration de ce phénomène est la couverture médiatique des attentats de Bruxelles, le 22 mars dernier. Dans l’édition spéciale de RTL Info ainsi que sur son site internet, plusieurs images témoignent du drame. Elles ont toutes été envoyées par des citoyens qui se trouvaient sur place. Bien loin d’être journalistes, ces amateurs ont pourtant effectué (sans le savoir) une des missions premières du journaliste : informer.

Les réseaux sociaux apparaissent comme le principal vecteur de cette tendance. Les smartphones ainsi que la couverture 4G ont très certainement révolutionné le métier du journaliste. Alors qu’ils ont longtemps été les seuls détenteurs de l’information, ils bénéficient désormais d’aide de la part des lecteurs. Photographier, filmer, tweeter est devenu, pour beaucoup, un réflexe. Relayées en quelques secondes sur les réseaux sociaux, ces publications sont reprises par les journalistes en fonction de leur intérêt et de leur véracité.

Car contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, ces nouvelles contributions ne facilitent pas le métier de journaliste. Bien au contraire. Après la réception de contenus amateurs, tout un travail d’authentification s’impose. Comme l’explique Julien Pain, journaliste à France 24, dans une interview donnée au Monde, il est essentiel de ne pas négliger cette phase de vérification : « face au flot d’images qui nous arrivent, la vérification est un énorme enjeu. À chaque événement, des “hoaxes”, c’est-à-dire des images fabriquées ou manipulées par des plaisantins ou des militants, ressurgissent ».

Aujourd’hui, il est devenu essentiel pour les médias de s’adapter. Une nouvelle synergie entre les médias et leur public est en train de naître. Selon Dan Gillmor, auteur du livre We, the media, « c’est le journalisme de demain qui se met en place, alors que les professionnels auront comme associé le journaliste citoyen ».

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Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.