Sur Instagram, l’information passe la seconde

Si l’instantanéité de l’information n’est plus à prouver, les médias poussent désormais le phénomène à son paroxysme avec l’utilisation de nouveaux réseaux sociaux pas forcément propices à un journalisme de fond.

IMG_1626

12 secondes. Voilà le temps accordé à une information par la BBC News sur son compte Instagram. Des photos, ou des très courtes vidéos illustratives, des bandeaux contenant seulement quelques caractères, une petite musique d’ambiance et le tour est joué. Toutes les tendances du moment sont réunies dans ces très courts JT appelés « Instafax ». À la base réseau de partage de photos, Instagram s’est peu à peu vu investi par les médias, avides de conquérir les nouvelles technologies de communication numérique. Avec ses 198 000 followers et ses 1 559 posts, BBC News n’est qu’un exemple parmi d’autres. Le Guardian, le New York Times, le Daily Mail, Sky News, autant de journaux, télévisions et radios qui diversifient leurs offres journalistiques… et communicationnelles. La France n’est pas en reste puisque Libération, BFMTV, i-Télé ou France 24 sont désormais de la partie.

C’est en 2013 que le tout premier média a décidé de miser sur Instagram : NowThisNews. Le principe allait encore plus loin puisque la chaîne est exclusivement dédiée à ce réseau. En 15 secondes, les mobinautes doivent être informés, vite et bien. Un leitmotiv qui laisse dubitatif, car les deux objectifs sont bien distincts.

Le premier reste l’intérêt communicationnel pour les entreprises de presse, qui peuvent faire la promotion de leurs programmes d’une façon inédite. Seul point qui dérange, il est impossible d’incorporer un lien de renvoi vers l’article du site internet. Pas de clic, moins d’audience, perte de recettes publicitaires. Le but est quoi qu’il en soit de fidéliser le lecteur, « pas de créer du trafic sur le site » précise Alexandra MacCallum, rédactrice en chef adjointe du service développement des publics au Times. Et avec ses 300 millions d’utilisateurs, plus encore que Twitter, Instagram est le réseau de l’avenir, ses enjeux stratégiques conséquents. Il offre aussi aux journaux l’occasion de toucher une tranche de la population moins représentée dans le print : les jeunes. En effet, près de 20 % des 16-24 ans disposeraient d’un compte.

Le second est le défi journalistique qui constitue à s’adapter aux nouvelles façons de consulter l’actualité par les lecteurs. L’avantage principal de cette plateforme est le partage en direct des photos et des vidéos des journalistes présents sur le terrain, en cas d’événement majeur. Une idée à laquelle croit Michael Jovanovic, directeur des stratégies numériques à i-Télé : « les clichés pris en direct [de la marche Républicaine du 11 janvier, ndlr] nous ont permis de raconter les événements différemment, de façon plus intime, et peut-être plus forte. »

Comme le précise Les Échos, Instagram accuse malgré tout un retard en France. Le réseau est peu utilisé ou mal exploité, ne restant « pour l’instant qu’un véhicule d’information complémentaire ». Mais il y a une différence entre se tenir au courant de l’actualité, et s’informer. Après les 140 signes sur Twitter, l’information se résume aujourd’hui en 10 secondes sur Instagram. De quoi modifier la perception et la mission des journalistes.

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.