Journalistes : la débâcle

« La firme américaine CareerCast vient [de placer] le prolo de l’info en presse écrite tout en bas de sa liste des 200 choix de carrière ». C’est ce que nous révèle Stéphane Baillargeon dans Le Devoir. Ainsi, le métier de journaliste est loin de faire des envieux. Comment expliquer ce statut ? La précarité actuelle de l’emploi pourrait être responsable, mais ce serait là se voiler la face.

Si les journalistes font partie des mal aimés du système à ce jour, ce n’est parce que la société les plaint. Au contraire. Le temps est venu de se poser la question : qui fait encore confiance aux journalistes ?

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En 2013, un sondage Léger Marketing publié dans Le Journal de Montréal révélait que seulement 42 % des Québécois font confiance aux journalistes. On constatait alors une baisse de 8 % par rapport aux dix années précédentes. Dans Le Journal de Joliette (un journal régional québécois), Julie Beauchamp Martin précisait que « selon le baromètre des médias 2012 de la Chaire de recherche en éthique du journalisme de l’Université d’Ottawa », la méfiance des Québécois envers les journalistes « pourrait être un indicateur de la qualité du travail journalistique qui consiste, parfois, à déplaire au grand nombre en diffusant des informations véridiques et d’intérêts public ». Ainsi, le citoyen n’aimerait pas connaître la vérité. La réalité serait-elle si désagréable qu’elle en devient douloureuse à entendre ?

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Du côté des États-Unis, un sondage de l’institut Gallup publié en septembre 2014 démontrait que 44 % des citoyens trouvent les journaux « too liberal », c’est-à-dire globalement trop à gauche alors que seulement 19 % les considèrent… trop conservateurs. Il est difficile d’accorder de la valeur à un argument qui relève des opinions personnelles.

Si l’on regarde du côté de la France, les explications sont un peu plus précises, et forcément plus difficiles à digérer. Dans un article d’un blog de L’Express, «Nouvelle formule », Éric Mettout écrit qu’ « en France, le dernier sondage comparable [à celui de l’institut Gallup] signé Ipsos pour Le Monde et France Inter date de janvier [2014]. Il est assassin : 23 % des personnes interrogées nous font confiance, 77 % se méfient de nous, dont 27 % absolument ». Plus loin, il explique qu’ « à une très large majorité, les Français jugent les journalistes coupés des réalités (74 %) et dépendants du pouvoir politique (71 %) ».

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Quelles conclusions tirer de ces constats pour le moins alarmants ? Tout porte à croire qu’une refonte du métier de journaliste est plus que jamais nécessaire. L’heure devrait être à la remise en question. C’est peut-être la relation entre le lecteur/auditeur/téléspectateur et le journaliste qui est à rebâtir. Peut-être devrions-nous s’appliquer à éduquer aux médias, éduquer à trouver l’information juste. Pour que le « bon » journalisme, s’il existe (et il existe), soit reconnu à sa juste valeur. Pour qu’il ne soit plus considéré comme un « métier de fouines et de commères professionnelles ».

 

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Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.