Piratage du journal Le Soir, vers une ère du terrorisme numérique?

Le site internet du quotidien belge Le Soir, média de référence européen, a été victime d’une attaque informatique dimanche soir. Bien que l’acte n’ait pas été revendiqué pour le moment, le spectre des précédentes attaques numériques rôde. Faut-il craindre l’avènement d’un terrorisme numérique en Europe?

Quelque jours seulement après le piratage du site de TV5 Monde, la chaîne de télévision francophone, c’est au tour du journal d’information belge Le Soir d’être la cible d’une cyber-attaque. « C’est aussi grave si c’est un petit comique que si c’est Etat Islamique » a expliqué lundi le rédacteur en chef, Christophe Berti, tenant tout de même à calmer les esprits et éviter toute paranoïa.  Un rapprochement avec les menaces et le drame survenu à Charlie Hebdo est hors de propos.

Pourtant, la question de la liberté de la presse est au centre du débat. L’apparente facilité avec laquelle ces hackeurs détournent des sites supposés sécurisés pose la question de la vulnérabilité sur le net.

Par mesure de sécurité, et pour éviter que les pirates ne fassent passer un message sur le site internet du Soir, comme cela avait été le cas lors du hacking revendiqué par Etat Islamique de TV5 Monde, la direction avait pris la décision de fermer complètement le portail internet du quotidien. « Couper internet était une décision drastique mais nécessaire » a déclaré sur le site du Soir Pascal Van der Biest, directeur du département IT du groupe Rossel, le propriétaire du quotidien belge. L’édition papier du lendemain a ainsi pu être maintenue.

« Rien ne nous permet pour le moment de faire le lien avec la cyber-attaque dont a été victime TV5 Monde » pouvait-on lire sur le site du Soir. Cependant, M. Berti a précisé que le quotidien avait porté plainte devant le parquet fédéral.

Le groupe Sudpresse, filiale de Rossel, qui est leader de la presse francophone en Belgique, a également été touché bien qu’il est apparu très vite que c’était le journal Le Soir qui était spécialement visé. Les serveurs informatiques des différents titres des deux groupes médiatiques se trouvent à Charleroi, à une soixantaine de kilomètres de la capitale belge. Ils avait été bombardés de requêtes internet dimanche soir, dans le but de les faire exploser.

Mission accomplie. Les serveurs n’avaient pu gérer toutes ces demandes en ligne et avaient été dépassés. Victimes collatérales, les sites sudinfo.be et lavoixdunord.fr étaient également inaccessibles dans la soirée de dimanche avant que les informaticiens ne rouvrent les portails sur les coups de 4h du matin.

Explosion, fin de mission ? Sans revendication ni identité définies, comment comprendre ces braquages de sites ? « S’agit-il d’une attaque isolée ou d’une attaque d’un groupe terroriste ? C’est très difficile à dire pour l’instant. Mais il est évident qu’en tout cas, ce type de piratage n’est ps à la portée de n’importe qui. Il s’agit d’un acte volontaire et organisé » précisait M. Van der Biest à sudinfo.be.

Le site belge rappelait que le groupe Rossel « avait déjà été la cible d’actes malveillants » comme on pouvait le lire sur leur portail : « le 11 janvier dernier, un appel téléphonique annonçait qu’une bombe allait exploser dans les locaux de la rue Royale, qui abritent les rédactions de La Capitale (Sudpresse) et du Soir. On avait dû évacuer le bâtiment. L’homme au bout du fil était un militant d’extrême-gauche. »

Place maintenant à l’enquête. Il faudra déterminer les responsables de ce piratage. Sans revendications, la porte est laissée grande ouverte aux raccourcis. Aujourd’hui on voit émerger une nouvelle forme de terrorisme, qui se bat sur le terrain numérique, avec comme arme l’informatique. Comment appréhender ces attaques sans visage ?

 

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.