Quand les journaux font peau neuve

Si le web n’est pas forcément à voir comme une menace pour le papier, le support print doit néanmoins s’adapter aux nouveaux enjeux. Une situation nomade qui favorise l’utilisation du numérique, de nouveaux supports comme les smartphones, tablettes ou e-paper.  Face à une nouvelle façon de consommer l’information instantanément grâce au web, il devenait urgent pour les journaux d’accoutumer leur version papier.

Changer pour s’adapter

C’est d’abord le cas du Monde le 6 octobre puis celui du Nouvel Observateur devenu l’Obs fin octobre. Des articles grands formats, des informations exclusives, des enquêtes de fond et des reportages originaux, des débats d’idées pour se différencier de l’information que l’on trouve sur le web. Voilà la nouvelle ligne directrice de ces deux grands de l’univers médiatique.

«Le temps où une nouvelle formule vous apportait 10 ou 20 000 lecteurs supplémentaires est fini. Mais, en même temps, on se doit de stabiliser les audiences en fidélisant nos lecteurs car le papier continue de fournir 80% des recettes du groupe, contre 15% pour le numérique», avait expliqué à l’AFP le directeur du Monde, Gilles Van Kote. Plus qu’un changement de maquette, un changement de stratégie puisque les journalistes écriront pour le web et le papier, sans forcément le savoir à l’avance. Une décision qui reviendra à la rédaction en chef.

Pour les suppléments du Monde, le sujet long et développé aussi est privilégié puisque l’information brève, rapide, chaude relève du support web. Vraie nouveauté, deux pages s’ajoutent au cahier « economie & entreprises », dont une « pixel » consacrée aux nouvelles technologies en adéquation avec une page similaire à retrouver sur http://www.lemonde.fr/. Lancement d’une chaîne et prolongement du magazine M sur la toile prévu pour début 2015, le magazine se veut d’ores et déjà plus littéraire et élégant.

 Changer : oui, mais pas trop

 

Le 23 octobre dernier l'Obs montrait son nouveau visage
Le 23 octobre dernier l’Obs montrait son nouveau visage

Pour ses 50 ans le Nouvel Observateur, aurait pu s’encrer dans une tradition mais il a préféré devenir l’Obs, une formule déjà bien usitée mais qu’en sera-t-il de la nouvelle version du journal papier ? Si Matthieu Croissandeau, directeur de la rédaction de l’Obs proposait une nouvelle maquette le jeudi 23 octobre. L’Obs ne change pas d’histoire, de principes ni de valeurs. «  Une relance », selon le directeur. Leader des news magazines français avec 485.000 exemplaires et en  3e position des sites d’information (34 millions de visites  en septembre 2014) sur le web, l’Obs veut conserver ces positions, créer l’actualité au lieu de courir après et élargir l’audience à un nouveau public sans déstabiliser les lecteurs fidèles. Là aussi tous les supports sont concernés : « Téléobs », le mensuel « Obssession »  sera lancé en décembre. Au programme ? Toutes les tendances mode, high tech, design gastronomie, selon le modèle anglo-saxon Vanity Fair.

Pour ceux qui seraient encore sceptiques devant ce changement, les journaux ont modifié leur méthode : des actionnaires qui se comportent comme des investisseurs, une vraie envie de renouvellement contrairement aux fois précédentes. Avec la concurrence actuelle dans le monde des médias, l’investissement des actionnaires n’est plus aussi sur qu’avant. C’est pourquoi les actionnaires s’impliquent davantage dans les décisions stratégiques de l’entreprise, comme ici le renouvellement des maquettes. Améliorer l’entreprise est pour eux le moyen d’en tirer le meilleur profit. Belle carte à jouer donc en faisant peau neuve.

 

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.